5 mai 1992 : Le football français endeuillé par le drame de Furiani

Crédit : Michel Maestracci, Panoramic

Le 5 mai 1992, le football français vivait la plus grande catastrophe de son histoire. À quelques minutes du coup d’envoi de la demi-finale de Coupe de France entre le SC Bastia et l’Olympique de Marseille, la tribune nord du Stade Armand-Cesari s’effondrait. Le bilan officiel est lourd : 19 morts et 2 357 blessés.

Une tribune temporaire qui n’était pas aux normes

Mardi 5 mai 1992. La commune de Bastia et les fervents supporters du Sporting Club de Bastia sont en fête. Habitués aux rencontres de deuxième division depuis sa relégation en 1986, les Corses reçoivent l’Olympique de Marseille de Jean-Pierre PapinChris Waddle et Basile Boli, pour une place en finale de la Coupe de France.

Pour cette réception très attendue, les dirigeants du club bastiais ont vu les choses en grand. La tribune Claude Papi, qui ne pouvait contenir que 750 places, est détruite deux semaines avant la rencontre pour laisser place à une tribune temporaire, capable de contenir 9 300 personnes. Les travaux de construction sont confiés à une entreprise niçoise. En quelques jours seulement, les ouvriers montent un immense échafaudage qui fera office de tribune Nord. Les délais de livraison sont respectés mais les normes de sécurité, elles, sont ignorées. Une commission de sécurité inspecte le chantier et juge la fiabilité de l’ouvrage insuffisante. Les cales en bois et les parpaings sur lesquels repose l’échafaudage laissent perplexe. La Ligue corse de football ferme les yeux et envoie à la Fédération Française de Football un faux document validant la tenue du match. 

19 morts et 2 357 blessés

Le jour J, les travaux ne sont pas encore terminés. Une dernière commission de sécurité se rend au pied de la tribune et procède à une ultime inspection. Leur avis reste inchangé. Avec l’arrivée des premiers spectateurs, les cales en bois commencent à bouger et inquiètent. Les ouvriers resserrent à la hâte boulons et écrous pendant que la tribune se remplit, tandis que des représentants de la sécurité demandent au speaker Jean-Pierre Paoli de calmer les supporters en les invitant à ne pas taper des pieds. Sa requête est vaine. À 20 h 23, sept minutes avant le coup d’envoi, les champs descendant des tribunes sont occultés par un immense vacarme résonnant dans tout le stade. Puis ce bruit assourdissant laisse place à un long silence. 

Le haut de la tribune nord vient de s’effondrer. Les spectateurs et journalistes assis tout en haut ont chuté de quinze mètres. Dans cet amas de tubulures métalliques, les premiers rescapés volent au secours des victimes coincés sous les débris. Les joueurs bastiais s’empressent de démonter les barrières pour que les spectateurs puissent se réfugier sur la pelouse. 

En l’espace de quelques minutes, le stade Armand-Cesari situé sur la commune de Furiani se transforme en un hôpital de fortune. Les blessés les plus graves sont déposés au centre du rectangle vert, avant d’être acheminés par hélicoptère vers les hôpitaux les plus proches. Au fil des heures qui s’égrènent, le bilan s’alourdit et les urgences corses sont débordées. Les premiers morts sont retrouvés, les blessés se comptent par millier et le renfort des hôpitaux du continent est demandé. En cette funeste soirée du 5 mai 1992 à Furiani, 19 spectateurs perdirent la vie et 2 357 ont été blessés

L’heure des hommages et des condamnations

La première conséquence de ce drame était sportive. Marseillais et Bastiais refusèrent de rejouer cette rencontre, la Coupe de France 1992 s’arrêtait sans aller à son terme. Une première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Vainqueur de sa demi-finale face à l’AS Cannesl’AS Monaco était désignée par la FFF pour représenter la France à la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe.

Sur le plan judiciaire, le tribunal correctionnel de Bastia livrait son jugement en 1995. Jean-Marie Boidmond, président de l’entreprise de construction niçoise, était condamné à 24 mois de prison ferme et 30 000 francs d’amende pour homicide involontaire. Michel Lorenzi, vice-président du SC Bastia, écopait également de deux ans de prison pour avoir émis un faux procès-verbal. Des représentants de la ligue de football corse sont également condamnés pour avoir envoyé à la fédération un faux document approuvant la tenue du match. 

Enfin, après des années de lutte, les familles des victimes ont obtenu le droit que le 5 mai devienne une journée sans football en France, en hommage à leurs proches défunts. Une loi définitivement adoptée en octobre 2021 par le Parlement, neutralisant la journée du 5 mai dans le calendrier du football professionnel français. 

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