D’illustres champions. Des sportifs retraités ou en activité, parfois choisis pour leur physique, les valeurs qu’ils incarnent ou la symbolique qu’ils représentent. En attendant de découvrir l’identité du dernier relayeur des Jeux de Paris 2024, voici la liste de tous les athlètes ayant eu l’honneur d’embraser la vasque olympique.
Jeux de Berlin 1936 : Fritz Schilgen (athlétisme)
Le relais de la flamme olympique est né à l’occasion de ces controversés Jeux de Berlin, sur une idée de Carl Diem, approuvée par le ministre de la Propagande Joseph Goebbels. L’objectif, contribuer à la glorification du Troisième Reich en nouant de supposés liens entre l’Antiquité et l’idéologie nazie. Des liens erronés puisqu’en Grèce antique, aucun relais de la flamme ne précédait les Jeux Olympiques.
Dans cette logique propagandiste, Fritz Schilgen fut choisi comme dernier relayeur de la flamme olympique. Un athlète allemand spécialiste des épreuves de demi-fond, n’ayant jamais participé aux Jeux Olympiques et ne possédant aucune référence majeure à l’internationale, si ce n’est une seconde place sur 5 000 m aux championnats du monde universitaire de 1930. Mais avec sa carrure athlétique, ce grand blond très élancé était l’incarnation parfaite de la jeunesse sportive allemande.
Jeux de Londres 1948 : John Mark (athlétisme)
Comme son prédécesseur, cet athlète britannique a davantage été choisi pour son physique plutôt que son palmarès. Âgé de 23 ans, cet ancien rugbyman, devenu un spécialiste du 400 mètres, était également un étudiant en médecine. Une tête bien faite et un physique très athlétique, John Mark était l’incarnation du parfait athlète olympique.
Jeux d’Helsinki 1952 : Hannes Kolehmainen et Paavo Nuurmi (athlétisme)
Qui de mieux pour incarner l’élite sportive finlandaise que deux représentants de la génération dorée des « Finlandais volants ». Une série de coureurs finlandais spécialistes des épreuves de fond et de demi-fond, qui, durant l’entre-deux guerre, raflèrent de nombreuses médailles d’or aux Jeux Olympiques.
Parmi eux, Hannes Kolehmainen et Paavo Nurmi furent choisis pour allumer la vasque olympique. Le premier avait été triple champion olympique en 1912, sur 5000 m, 10 000 m et en cross. Paavo Nurmi, lui avait décroché neuf titres olympiques et réalisé vingt-deux records du monde, du 1 500 m au 20 km.
Jeux de Melbourne 1956 : Ron Clarke (athlétisme)
Pour les premiers Jeux organisés en Océanie, Melbourne avait fait le choix de la jeunesse. Ronald Clarke était un jeune athlète très prometteur, spécialiste des épreuves de demi-fond. Âgé de 19 ans seulement, il était choisi comme dernier relayeur de la flamme olympique, mais ne découvrit les Jeux que huit années plus tard, à Tokyo en 1964. Ronald Clarke deviendra l’un des meilleurs coureurs de sa génération. Il établit de nombreux records du monde, mais ne parvint jamais à remporter le moindre titre international.
Jeux de Rome 1960 : Giancarlo Peris (athlétisme)
Le comité d’organisation des Jeux de Rome avait mis au point un processus de sélection inédit. En quête du dernier relayeur de la flamme olympique, ils organisèrent une course de cross-country entre jeunes athlètes italien. Le premier à franchir la ligne d’arrivée recevrait l’honneur d’embraser la vasque au stade olympique de Rome, quelques mois plus tard. À 18 ans, Giancarlo Peris triomphait.
Jeux de Tokyo 1964 : Yoshinori Sakai (athlétisme)
Un symbole de paix. Yoshinori Sakai était né le 6 août 1945 dans la préfecture d’Hiroshima, le jour du bombardement atomique organisé par les États-Unis. Étudiant et membre du club d’athlétisme de l’université Waseda à Tokyo, sa présence comme dernier relayeur était le symbole de la reconstruction nippone, dix-neuf ans après le double drame d’Hiroshima et Nagasaki.
Jeux de Mexico 1968 : Norma Enriqueta Basilio (athlétisme)
Spécialiste du 400 m et des épreuves de haies, Enriqueta Basilio devenait, à Mexico, la première femme de l’histoire à allumer la vasque olympique. Quelques jours plus tard, elle se présentait sur la piste et concourait pour sa nation, engagée sur le 80 m haies, le 400 m et le relais 4 x 100 mètres. Malheureusement, l’aventure de la jeune mexicaine tournait court. Enriqueta Basilio était, à chaque fois, éliminée dès les séries.
Jeux de Munich 1972 : Günter Zahn (athlétisme)
Pour le retour des Jeux Olympiques en Allemagne, trente-six ans après ceux de Berlin, Munich misa sur l’unité internationale. Nommé dernier relayeur de la flamme olympique, l’athlète allemand Günter Zahn, spécialiste des épreuves de demi-fond, entrait dans le stade accompagné par quatre autres sportifs, représentant chacun un continent. Quatre spécialistes des courses de fond et de demi-fond. L’Américain Jim Ryun pour l’Amérique, l’Australien Derek Clayton pour l’Océanie, le Japonais Kenji Kimihara pour l’Asie et le Kenyan Kipchoge Keino pour l’Afrique.
Jeux de Montréal 1976 : Sandra Henderson et Stéphane Préfontaine (Gymnastique)
Pour la première fois, l’athlétisme n’était pas mis à l’honneur. À Montréal, les organisateurs ont fait le choix de confier l’allumage de la vasque olympique à deux jeunes gymnastes. Sandra Henderson, native de Toronto et Stéphane Préfontaine, né à Montréal. Respectivement âgés de 16 et 15 ans, aucun des deux n’a participé à cette édition en tant qu’athlète.
Jeux de Moscou 1980 : Sergueï Belov (basketball)
Pour ouvrir ces Jeux que de nombreux pays occidentaux boycotteront, l’URSS a choisi Sergueï Belov comme dernier relayeur de la flamme olympique. Une légende du basketball, triple médaillé olympique avec l’URSS, dont un titre obtenu en 1972, au terme d’une finale très controversée face aux États-Unis.
Durant ces Jeux, Sergueï Belov disputa le tournoi de basketball et ajoutait une quatrième médaille à son palmarès olympique, en bronze.
Jeux de Los Angeles 1984 : Rafer Johnson (athlétisme)
La grandiose cérémonie d’ouverture des Jeux de Los Angeles vit ce spécialiste américain du décathlon embraser la vasque olympique. Durant les années 1950, Rafer Johnson a amélioré à trois reprises le record du monde de cette discipline. Il mit un terme à sa carrière en 1960 à l’âge de 25 ans, après avoir décroché l’or olympique aux Jeux de Rome.
Jeux de Séoul 1988 : Kim Won-tak, Chong Son-man et Son Mi-jong (athlétisme)
Marathonien sud-coréen, Kim Won-tak alluma l’immense vasque olympique des Jeux de Séoul en compagnie d’un enseignant, Chong Son-man, et d’une étudiante en danse, Son Mi-jong.
Quelques jours plus tard, Kim Won-tak prenait le départ du marathon olympique. Après deux heures et quinze minutes d’effort, il accrochait la 18e place.
Jeux de Barcelone 1992 : Antonio Rebollo (tir à l’arc)
Sans doute l’un des allumages les plus impressionnants. Dans l’obscurité la plus totale, cet archer handisport espagnol enflammait l’extrémité de sa flèche du feu sacré. Depuis le milieu du stade, Antonio Rebollo tira la flèche et embrasait la vasque, située tout en haut des tribunes.
Un geste spectaculaire, réalisé en toute sécurité grâce à un fin stratagème consistant à laisser échapper une grande quantité de gaz inflammable de la vasque. Ainsi, la flèche d’Antonio Rebollo, pointé au-dessus de la vasque, l’alluma en traversant ce nuage de gaz, avant de retomber à l’extérieur du stade, où un périmètre de sécurité avait été installé.
Jeux d’Atlanta 1996 : Mohamed Ali (boxe)
D’une main tremblante, Mohamed Ali tenait la flamme olympique et embrasa la vasque située à côté de lui. L’émotion était forte. Lui, l’immense champion de boxe qu’il était, l’un des plus grands sportifs du XXe siècle, était désormais rongé par la maladie de Parkinson.
Mohamed Ali était mis à l’honneur pour le centenaire des Jeux Olympiques. Le président du CIO lui offrit une nouvelle médaille d’or, à la suite de son titre obtenu aux Jeux de 1960. D’après la légende, la première aurait terminé au fond de l’Ohio, jetée de colère par Mohamed Ali lorsqu’on refusa de le servir dans un restaurant, à cause de sa couleur de peau.
Jeux de Sydney 2000 : Cathy Freeman (athlétisme)
Comme symbole de réconciliation entre les peuples Aborigènes et les descendants des Européens qui s’installèrent en Australie, le comité d’organisation des Jeux de Sydney choisirent Cathy Freeman comme dernière relayeuse. Une athlète, spécialiste du 400 m, possédant des ancêtres aborigènes.
Âgé de 27 ans, Cathy Freeman disputait ses troisièmes et derniers Jeux Olympiques. Quatre années après sa seconde place sur le tour de piste derrière Marie-José Pérec, Cathy Freeman se parait d’or. Elle devenait la première athlète à allumer la vasque olympique et remporter un titre lors d’une même édition.
Jeux d’Athènes 2004 : Níkos Kaklamanákis (planche à voile)
Huit années après son titre olympique obtenu à Atlanta, le véliplanchiste grec eut l’honneur d’être le dernier relayeur de la flamme olympique. À domicile, il embrasait la vasque puis glanait une médaille d’argent quelques jours plus tard, derrière l’Israélien Gad Fridman.
Jeux de Pékin 2008 : Li Ning (Gymnastique)
Il est devenu un véritable héros national en 1984 lorsqu’aux Jeux Olympiques de Los Angeles, il décrochait six médailles en gymnastiques artistique, dont trois en or. Vingt-quatre ans après son exploit, Li Ning entrait dans le stade olympique de Pékin, suspendu dans les airs grâce à des filins. Après un tour complet du stade à courir dans les airs, le gymnaste chinois embrasait la vasque avec la torche qu’il tenait dans les mains. Un instant très poétique.
Jeux de Londres 2012 : Steve Redgrave (aviron)
Considéré comme le plus grand rameur de tous les temps, Steve Redgrave a réalisé l’exploit de remporter cinq titres olympiques lors de cinq olympiades consécutives, de 1984 à 2000.
Aux Jeux de Londres de 2012, il était le dernier porteur de la flamme olympique. Steve Redgrave transmettait le feu sacré à sept jeunes espoirs du sport britannique, chargés d’allumer la vasque olympique en forme de fleur, composée de 205 pétales en référence au nombre de nations participantes. Parmi les sept jeunes sportifs, on retrouvait la sprinteuse Desirèe Henry, devenue double championne d’Europe et vice-championne du monde du relais 4x 100 m.
Jeux de Rio 2016 : Vanderlei de Lima (athlétisme)
En 2004, Vanderlei de Lima aurait pu devenir le premier brésilien à remporter le marathon des Jeux Olympiques. En tête jusqu’au 35e kilomètre avec une trentaine de secondes d’avance sur ses poursuivants, il est poussé dans la foule par un spectateur irlandais surgissant sur le parcours. Vanderli de Lima perd de précieuses secondes et se fait dépasser par l’Italien Stefano Baldini, puis l’Américain Mebrahtom Keflezighi. Au courage, il terminait l’épreuve et parvenait à conserver sa troisième place.
Récompensé de la médaille Pierre de Coubertin pour son esprit sportif, Vanderlei de Lima était honoré douze années après sa mésaventure, en allumant la vasque olympique des Jeux de Rio.
Jeux de Tokyo 2020 : Naomi Osaka (tennis)
Les organisateurs des Jeux de Tokyo ont misé sur la sportive la plus populaire de leur pays. Naomi Osaka, devenue à 21 ans, la première japonaise, hommes et femmes confondus, à remporter un tournoi du Grand Chelem et atteindre la place de n°1 mondiale au classement WTA.
Minée par une polémique, après avoir volontairement fait le choix de zapper les conférences de presse à Roland Garros pour « préserver sa santé mentale », Naomi Osaka se présentait à Tokyo comme dernière relayeuse et athlète engagée en simple dames du tournoi de tennis. Quatre jours après avoir embrasé la vasque, la joueuse nippone était éliminée dès le troisième tour, sèchement battue par Marketa Vondrousova, future finaliste du tournoi.