Si de nombreux sportifs clôturaient leur saison 2020 après des derniers mois d’une intensité rare, certaines disciplines tel la Formule 1 ou le judo enchainaient courses et compétitions et entamaient la dernière ligne droite de leur calendrier avant une pause hivernale bien méritée. Pour d’autres, ce mois marquait le début d’une longue aventure de plusieurs mois à braver les mers et océans du globe. Retour sur un mois de novembre riche émotionnellement, entre record, désillusion et grande peur.
Formule 1 : Hamilton et Mercedes sacrés, Grosjean miraculé
La saison de Formule 1 poursuivait son cours et sans grande surprise, Mercedes continuait son cavalier seul décrochant victoire sur victoire et permettant à Lewis Hamilton de remporter au Portugal sa 92ème victoire en carrière, détrônant ainsi un certain Michael Schumacher au classement des pilotes les plus victorieux dans la catégorie reine du sport automobile.
Une semaine plus tard, l’écurie allemande remportait sur le mythique circuit d’Imola, n’ayant plus accueilli une manche de Formule 1 depuis 2006, son septième titre des constructeurs consécutifs, constituant ainsi un nouveau record. Et comme rien n’est jamais assez pour Mercedes, son pilote phare Lewis Hamilton s’assurait dès la manche suivante un septième titre de champion du monde après un Grand Prix de Turquie dantesque couru sur une chaussée détrempée et particulièrement glissante. Au terme de ces 58 boucles sur l’Otodrom Istanbul Park, le pilote britannique, parti sixième et faisant preuve d’une incroyable justesse de pilotage dans de tels conditions, évitait les têtes à queues et les accrochages et rattrapait un à un ses concurrents pour s’imposer avec brio et décrocher son septième titre de champion du monde, à trois Grand Prix de la fin de saison. Il égalait au passage Michael Schumacher et semble désormais inarrêtable dans sa quête d’une 100ème victoire en carrière et d’un huitième titre de champion du monde dès la saison prochaine. Affaire à suivre…
Mais comment ne pas parler de cette fin de saison sans évoquer le Grand Prix de Bahrain du 29 novembre et l’effroyable accident de Romain Grosjean. À la suite d’un accrochage avec Daniil Kvyat dès l’entame de course, le pilote tricolore perdait le contrôle de sa monoplace et tirait tout droit sur le rail de sécurité, lancé à plus de 200km/h. La violence d’un tel choc (mesuré à 53G) découpa sa monoplace en deux et Grosjean se retrouvait coincé dans son cockpit encastré dans le rail de sécurité, tandis que l’essence contenue dans le réservoir se déversa et déclencha un immense brasier.
Débuta alors d’interminables secondes de lutte. 28 secondes à braver les flammes et la chaleur insoutenable pour s’extraire dans un tel chaos d’un cockpit calciné et totalement coincé entre les rails. 28 secondes de lutte avec soi et les éléments pour espérer entrevoir au bout de cet enfer, la vie.
Miraculé et protégé par son halo salvateur, Romain Grosjean, faisant preuve d’une force de caractère immense, parvenait à s’extraire de la carcasse de sa monoplace et fut extirpé en urgence de ces immenses flammes par l’un des médecins de le Formule 1. Alors qu’il affirma lui-même avoir vu la mort de très près, le pilote de chez Haas sorti presque indemne de cet accident, ne souffrant uniquement de brulures aux mains et aux pieds. Un miracle rendu en partie possible par l’ensemble des progrès fait par le monde de la Formule 1 en matière de sécurité.
Malheureusement la carrière en Formule 1 du pilote tricolore s’arrêta brutalement dans cet immense brasier. Ses brûlures aux mains s’avérant être particulièrement sévères, Romain Grosjean ne put participer aux deux derniers Grand Prix de la saison et fut contraint de clore plus rapidement qu’il ne l’aurait espéré son chapitre en Formule 1, après 179 courses disputées et pas moins de dix podiums glanés. Sa carrière automobile, elle, n’est pas prête de se terminer. Romain Grosjean a déjà le regard tourné vers de nouveaux objectifs et souhaite plus que tout retrouver le goût de la victoire. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Vendée Globe : Frayeur et désillusion en haute mer
Événement toujours très attendu par le monde de la voile, le grand départ du Vendée globe des Sables d’Olonne donne habituellement lieu à une immense communion le long de la sortie du port entre spectateurs admiratifs applaudissant des skippers partants braver les mers et océans du globe pendant plus de 70 jours. Contexte sanitaire oblige, ce grand rassemblement ne put se tenir et ce fut simplement sous les yeux des caméras et sans cette réconfortante chaleur humaine que les 33 participants (Dont 6 six femmes, un record) prirent le départ de cette neuvième édition du Vendée Globe, la plus prestigieuse des courses à la voile.
Parmi les prétendants au titre cette année, Jérémie Bayou et Alex Thomson faisaient légitimement figure de favoris. À la barre de leurs monocoques à foils dernière génération ils possédaient un atout de taille pour se disputer la victoire finale. Mais la fragilité de ces voiliers très sophistiqués allait peut-être leur jouer défaut d’autant plus que derrière eux, des skippers à l’instar de Jean Le Cam possédaient des bateaux de seconde génération mais pouvaient tirer parti de leur grande expérience pour espérer jouer les troubles fêtes en tête de la course. Alors, qui de l’expérience ou de la technologie allait prendre le meilleur sur l’autre ?
Les premiers jours de course annoncèrent d’ores et déjà un Vendée Globe disputé et riche en surprise. Des conditions météorologiques idylliques favorisaient à la grande surprise les voiliers les plus anciens, non-équipés de foils et moins élaborés techniquement. Les vétérans prenaient les devants.
Parallèlement à cela, Jérémie Bayou, l’un des immenses favoris, annonçait après seulement trois jours de course faire demi-tour direction les Sables-d’Olonne à la suite d’une collision avec un objet non-identifié qui endommagea fortement l’un de ses safrans. Contraint à le réparer seul comme la règle le stipule, il put repartir le 17 novembre soit neuf jours après le grand départ. Puis ce fut autour du second favoris Alex Thomson de rencontrer des ennuis mécaniques. Ayant cassé son safran tribord et ne pouvant le réparer lui-même, il annonça son abandon le 28 novembre et se déporta vers Cape Town, ville sud-africaine au sein de laquelle il fit son arrivée le 4 décembre. Bayou et Thomson au tapis, tout semble annoncer un vainqueur surprise.
Mais à l’avant de la course, les ennuis ne s’arrêtèrent pas en si bon chemin. Deux jours après l’abandon de Thomson, le skipper français Kevin escoffier, alors en troisième position, vit son aventure se terminer en l’espace de quelques minutes après que son voilier se cassa en deux suite à un choc violent avec une vague. Ayant à peine le temps d’enfiler sa combinaison de survie, une seconde vague l’éjecta de son bateau et Kevin Escoffier parvint miraculeusement à agripper son radeau de survie pendant que son voilier plongeait dans les profondeurs des océans.
Ayant immédiatement averti son équipe de la situation, la direction de course envoya Jean Le Cam, concurrent le plus proche, porter secours à Kevin Escoffier. La tâche s’annonçait ardue. Fortement perturbé par les conditions dantesques, le vétéran skipper français aperçut au bout de quelques heures le radeau de survie du naufragé mais le perdit aussitôt de vue, gêné par les immenses vagues et la nuit tombante. Face à la difficulté d’une telle situation, trois autres concurrents furent alors immédiatement invités à porter eux aussi assistance à Kevin Escoffier.
Finalement, en pleine nuit et alors que la luminosité était au plus bas, Jean Le Cam parvenait à retrouver la trace du skipper français naufragé et annonçait à 2h18 via la radio avoir réussi à porter secours à Kevin Escoffier. Après plus de 12 heures de dérive dans une eau à 13 degrés, les deux hommes et tout le Vendée Globe pouvaient souffler. Kevin Escoffier était sain et sauf. Il resta quelques jours à bord du voilier de Jean Le Cam avant d’être récupéré par un navire de la marine nationale une semaine après l’incident. La course pouvait reprendre ses droits.
Championnat d’Europe de Judo : Les Françaises sur le toit de l’Europe
La trente-quatrième édition des championnats d’Europe de Judo se déroula mi-novembre à l’O2 Arena de Prague en République Tchèque. En l’absence de Teddy Riner, l’équipe de France de Judo put compter sur une délégation féminine des plus performantes, venue en quête de points pour une qualification aux Jeux de Tokyo, qui glana pas moins de cinq titres dans les sept catégories de poids différentes. Shirine Boukli fut titrée chez les moins de 48kg, la multiple championne du monde Clarisse Agbegneou dans la catégorie des moins de 63kg, Margaux Pinot chez les moins de 70kg, Madeleine Malonga en poids mi-lourds et enfin Romane Dicko dans la catégorie reine, les poids lourds.
Une razia permettant à la France de terminer en tête du tableau des médailles avec cinq médailles d’or sur quatorze possibles et trois de bronze. Côté masculin et face à la forte domination russe, seul le français Kylian Le Blouch montait sur le podium, terminant troisième de sa catégorie, les moins de 66kg.
La saison de judo s’achevait ainsi, l’heure de tirer un bilan très positif du côté des Françaises qui peuvent nourrir de réelles ambitions à moins d’un an des Jeux de Tokyo. Du côté des hommes, Teddy Riner sera une nouvelle fois la tête d’affiche tricolore et tentera de décrocher un troisième sacre olympique dans sa discipline, à condition de retrouver son niveau qui l’a fait tant briller les années précédentes.
Et aussi :
- Daniil Medvedev remportait l’ATP Finals 2020, prestigieux tournoi entre les huit meilleurs joueurs de l’année venant clôturer cette saison 2020. Il s’imposa 4-6, 7-6, 6-4 en finale face à l’Autrichien Dominic Thiem.
- L’Olympique de Marseille s’inclinait face au FC Porto en subissait sa treizième défaite de suite en Ligue des Champions, un record.
- La légende argentine du football Diego Maradona décédait à l’âge de 60 ans des suites d’un arrêt cardiaque. Véritable idole de son pays, un deuil national de trois jours fut instauré en Argentine et ses funérailles ont été suivis par tous.
- Le rugbyman français Christophe Dominici, décédait à 48 ans suite à une chute de plusieurs mètres d’un bâtiment désaffecté du Parc de Saint-Cloud. Les circonstances autour de sa mort restent encore floues.