Entre Bernal en 2019 et Pogačar ces deux dernières années, le Tour de France n’a jamais autant souri aux jeunes coureurs. Mais ces deux phénomènes du cyclisme moderne font-ils exception dans l’histoire du Tour ? Où figurent-ils au classement des plus jeunes vainqueurs de la Grande Boucle ? C’est le moment de le découvrir.
10. Jan Ullrich, 23 ans et 237 jours
Impliqué dans de nombreuses affaires de dopage et bien souvent second derrière Lance Armstrong, le cycliste allemand a malgré tout pu inscrire son nom au palmarès de la Grande Boucle lors de l’édition 1997.
Cette année-là, alors que le Danois Bjarne Riis faisait figure de grand favori, son jeune équipier Jan Ullrich profita de la défaillance précoce de son leader pour s’affirmer et montrer ses talents de grimpeur et de rouleur. Malgré quelques attaques de Richard Virenque et Marco Pantani en montagne, le coureur allemand remporta aisément son premier et unique Tour de France, s’imposant à 23 ans et 237 jours avec plus de neuf minutes d’avance sur son dauphin Richard Virenque. Un succès qui devait en annonçer bien d’autres, avant que ne débute finalement l’hégémonie Armstrong.
Crédit : Oliver Berg / DPA / AFP
9. Jacques Anquetil, 23 ans et 193 jours
L’éternel rival de Raymond Poulidor remporta son premier Tour de France en 1957 à l’âge de 23 ans et ce, dès sa première participation. Vainqueur de quatre étapes dont les trois contre-la-montre, il s’imposa au terme des 4 700 km de course avec une confortable avance de quatorze minutes sur le Belge Marcel Janssens, second au classement général. Les débuts de l’ère de domination d’Anquetil, lui qui remportera quatre autres Tour de France entre 1961 et 1964.
Crédit : Archives AFP
8. Romain Maes, 22 ans et 352 jours
En 1935, à l’occasion du dernier Tour de France organisé par Henri Desgrange, la victoire revint à un jeune belge répondant au nom de Romain Maes.
Dès la première étape, alors que ses rivaux jouèrent de malchance en se retrouvant bloqué derrière un passage à niveau, Maes, lui, le franchit juste avant le passage du train et fila s’imposer en solitaire, s’emparant du maillot jaune pour ne plus jamais le céder.
S’il n’était pas cité parmi les favoris, il se surpassa en montagne et continua de creuser l’écart sur ses principaux rivaux. Au terme des trois semaines de course, il s’imposa avec plus de 17 minutes d’avance sur son dauphin, remportant un total de trois étapes. Un sacre de prestige, l’unique fait d’armes de sa carrière qu’il acheva en 1942.
7. Laurent Fignon, 22 ans et 346 jours
Tout comme Jacques Anquetil, Fignon remporta lui aussi le Tour de France dès sa première participation en 1983.
Alors que Lucien Van Impe faisait figure de favoris, le Français Pascal Simon réalisa le plus bel exploit de sa carrière en s’emparant du maillot jaune à Bagnères-de-Luchon dans les Pyrénées, repoussant ses rivaux à plus de quatre minutes. Malheureusement, une chute le contraint à l’abandon. L’omoplate fracturée, il céda sa tunique jaune à Laurent Fignon, alors second au classement général.
Ce dernier le conservera jusqu’à Paris, creusant même l’écart sur ses adversaires lors de l’ultime contre-la-montre à Dijon qu’il remporta, la veille de l’arrivée finale sur les Champs-Élysées.
Crédit : AFP
6. Felice Gimondi, 22 ans et 289 jours
Mieux que Jacques Anquetil et Laurent Fignon, Gimondi remporta lui le Tour de France dès sa première saison chez les professionnels.
À l’occasion de l’édition 1965 et en l’absence de Jacques Anquetil, Raymond Poulidor espérait plus que jamais remporter la course qu’il manquait tant à son palmarès. Mais c’était sans compter sur ce jeune cycliste Italien âgé de 22 ans. S’emparant du maillot jaune dès la troisième étape après sa victoire à Rouen, Felice Gimondi signa un succès supplémentaire lors d’un contre-la-montre en montagne et rallia Paris avec la tunique dorée sur les épaules, s’offrant même le privilège de remporter l’ultime étape, disputée sous forme de contre-la-montre. Il gagna ainsi son premier et unique Tour de France, avant de briller quelques années plus tard sur le Giro et la Vuelta. Raymond Poulidor, lui, termina une nouvelle fois second.
5. Octave Lapize, 22 ans et 280 jours
Ce cycliste de l’avant-guerre remporta le Tour de France 1910, le premier à visiter les terribles ascensions Pyrénéennes.
Au coude à coude avec le Franco-luxembourgeois François Faber, Lapize brilla en montagne malgré sa colère auprès des organisateurs, les qualifiants d’assassins au sommet de l’Aubisque qu’il franchit à pied face à la difficulté du parcours. Le jeune cycliste français récupéra la tête du classement général à deux étapes de l’arrivée à Paris et remporta le Tour de France avec 63 points, soit quatre de moins que son dauphin François Faber. Oui, à cette époque, le classement général n’était pas déterminé au temps mais via un système de points attribués selon le classement de chaque étape.
4. Egan Bernal, 22 ans et 196 jours
Pour nous Français, le scénario du Tour de France 2019 nous a fait autant vibrer que pleurer. Alors que Thibaut Pinot dominait les favoris du classement général et Julian Alaphilippe puisait dans ses derniers retranchements pour conserver sa tunique jaune, tout bascula lors de la 19ème étape.
Le premier abandonna en larmes, la cuisse meurtrie par les efforts consentis, tandis qu’Alaphilippe lâcha son maillot jaune après que l’étape fut neutralisée au sommet du Col de l’Iseran, un orage de grêle rendant la route impraticable quelques kilomètres plus bas. Les temps figés en haut de l’Iseran, Alaphilippe accumulait un retard de deux minutes sur Egan Bernal, le nouveau leader de la Grande Boucle. Après une avant-dernière étape également raccourcie, il entra dans Paris vêtu de jaune et décrocha à 22 ans son premier et à ce jour unique Tour de France. Fait rare, le leader du classement général remporta cette année-là aucune victoire d’étape.
3. François Faber, 22 ans et 187 jours
Un an avant Octave Lapize, le Franco-luxembourgeois remporta le Tour de France 1909 d’une main de maitre, après s’être emparé de la tête du classement général dès la deuxième étape.
Vainqueur de six des quatorze étapes au programme dont cinq consécutives, il termina la Grande Boucle avec 37 points, vingt de moins que son coéquipier Gustave Garrigou arrivé second.
2. Tadej Pogačar, 21 ans et 365 jours
Après une troisième place sur le Tour d’Espagne l’année passée, Tadej Pogačar se présentait en 2020 sur son premier Tour de France avec l’étiquette d’outsider.
Alors que le duel Bernal – Roglič tourna rapidement à l’avantage du coureur slovène, c’est finalement son jeune compatriote qui remporta le classement général au terme d’une avant-dernière étape mémorable. En dépit d’un retard d’une minute au classement général sur Roglič, la jeune pépite slovène réalisa sur les pentes de la Planche des Belles Filles un contre-la-montre époustouflant, s’imposant avec 1min21 d’avance sur le spécialiste de l’exercice Tom Dumoulin. Roglic était relégué à près d’une minute au classement général.
S’emparant du maillot jaune un jour avant l’arrivée sur les Champs, il remporta la veille de ses 22 ans son premier Tour de France, devenant le plus jeune vainqueur de la Grande Boucle depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
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1. Henri Cornet, 19 ans et 352 jours
Le plus jeune vainqueur de l’histoire du Tour, c’est lui. À l’occasion de la seconde édition en 1904, Maurice Garin, vainqueur du premier Tour de France, semblait être en passe de réaliser le doublé lorsqu’une affaire éclata. Lui et sept autres cyclistes furent accusés d’avoir reçu une aide illégale de la part de véhicule motorisés. Si l’on n’en sait guère plus sur ce scandale, l’Union Vélocipédique de France décida quatre mois après le terme de cette édition de déclasser ces coureurs et en suspendre certains de toute course cycliste.
Garin fut ainsi déclassé, au même titre que les quatre premiers du classement général. La victoire revint finalement à Henri Cornet, initialement arrivé cinquième avec près de trois heures de retard sur Maurice Garin. Âgé de 19 ans lors de ce premier et unique sacre, il hérite depuis du titre de plus jeune vainqueur du Tour de France.