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Il y a 18 ans, le 2 mai 2007, Rafael Nadal et Roger Federer s’affrontaient sur un court de tennis unique en son genre, composé d’une moitié en terre battue et l’autre en gazon. Dénommé le « Bataille des surfaces », ce match d’exhibition était un duel entre les deux meilleurs joueurs du moment, sur leurs surfaces de prédilection respectives.
Le maître du gazon face à l’ogre de l’ocre
Ce match d’exhibition est né d’un constat simple. Roger Federer dominait sur gazon et Rafael Nadal régnait en maître sur la terre battue. Le joueur Suisse, numéro 1 mondial depuis le 2 février 2004, avait remporté les quatre dernières éditions de Wimbledon et totalisait 48 victoires de rang sur herbe. Face à lui, Rafael Nadal, n°2 mondial, était double tenant du titre à Roland-Garros et n’avait plus connu la défaite sur terre depuis le 8 avril 2005 et un quart de finale perdu face au Russe Igor Andreev, à Valence. Soit 72 victoires consécutives sur l’ocre. La « Bataille des Surfaces » était l’occasion de réunir les deux meilleurs joueurs du monde sur un court hybride composé de leurs deux surfaces de prédilections, et voir qui en sortirait vainqueur.
Entre les deux joueurs, le bilan de leurs confrontations tournait à l’avantage du taureau de Manacor. En dix matchs, Rafael Nadal s’était imposé à sept reprises et remporté leurs cinq duels disputés sur terre battue. Roger Federer, lui, comptait parmi ses trois succès leur unique rencontre sur gazon.
1,6 million de dollars pour 2 h 30 de spectacle
L’événement était organisé à Palma de Majorque, sur l’île de naissance de Rafael Nadal. Au sein de la Palma Arena, les ouvriers se relayaient durant dix-neuf jours pour construire ce terrain unique en son genre. Coût de l’opération : 1,6 million de dollars. Une belle enveloppe budgétaire pour un événement qui manqua de tomber à l’eau la veille du match, lorsque des vers furent découverts sur la partie en herbe. Le gazon était remplacé à la hâte.
Devant 6 800 personnes, les joueurs évoluaient à tour de rôle sur terre battue puis sur gazon. À chaque changement de côté, ils enfilaient une paire de chaussures adaptée à la surface. Au terme une âpre bataille en trois sets, Rafael Nadal s’imposait devant son public après 2 h 30 de jeu et un ultime tie-break remporté 12-10. L’avis des deux joueurs était unanime. L’expérience était sympa, le challenge difficile et évoluer sur terre battue conférait un certain avantage. Le rebond, plus haut que sur gazon, permettait au joueur qui jouait sur terre de se montrer plus offensif.
Malgré l’enthousiasme des deux joueurs, la Bataille des surfaces resta un événement unique et ne fut jamais reconduit. Trois semaines après les faits, le natif de Bâle remportait sa toute première victoire sur terre battue face à Rafael Nadal, en finale du tournoi d’Hambourg. Roger Federer mettait ainsi fin aux 81 victoires consécutives du joueur espagnol sur sa surface de prédilection. À l’inverse, Rafael Nadal, à nouveau vainqueur de Roland-Garros, poussait Roger Federer jusqu’au cinquième set en finale de Wimbledon. Au terme d’une finale grandiose d’une intensité rare, le Suisse s’imposait à Londres pour la cinquième année de suite. Il égalait la performance d’un certain Björn Borg.