C’est l’une des trois principales surfaces sur laquelle les plus grands tennismen s’affrontent. Utilisée lors des internationaux de France de tennis, mais aussi aux tournois de Monaco, Madrid ou encore Rome, la terre battue se distingue du gazon et des courts en dur par sa tendance à ralentir le jeu et sa sensibilité aux effets. Pas étonnant que le roi du lift Rafael Nadal domine la saison sur terre battue depuis maintenant plus de quinze ans. Mais alors, d’où vient cette surface si particulière et qui eut l’idée de suppléer le traditionnel gazon des terrains de tennis pour cette terre couleur ocre ?
Un britannique à l’origine de cette invention
Si la Grande-Bretagne est connue pour ses magnifiques courts en gazon et son All England Lawn Tennis Club accueillant chaque année le prestigieux tournoi de Wimbledon, dans les années 1880, quelques années seulement après la codification du tennis, un britannique développa une surface de jeu novatrice, aux caractéristiques bien différentes de l’habituel gazon : La terre battue.
L’homme en question le voici. William Renshaw, joueur de tennis professionnel et inventeur du smash. Un coup des plus offensifs lui ayant permis de remporter Wimbledon à sept reprises entre 1881 et 1889. Originaire du comté de Warwickshire au centre de l’Angleterre, il quitta dès le début des années 1880 sa Grande-Bretagne natale pour s’installer dans le Sud de la France non-loin de Cannes. Une région aux conditions climatiques bien plus clémentes. Idéal pour jouer au tennis en extérieur tout au long de l’année en profitant du doux soleil provençal.
Sauf qu’en plein été, cette météo peut vite tourner au désagrément. La température dépasse allègrement les 30 degrés, le soleil de plomb assèche le sol et la flore sauvage tandis que les averses pluvieuses se font de plus en plus rare. Un véritable inconvénient pour les terrains de tennis de William Renshaw. Construits lors de son arrivée dans le Sud en compagnie de son frère Ernest, le gazon qui les recouvrait, supportant idéalement la météo britannique, avait ici la fâcheuse tendance à jaunir en été lorsque les conditions devenaient caniculaires.
Rendant la pratique du tennis bien plus délicate sur une herbe si sèche, les deux frères Renshaw partirent à la recherche d’une nouvelle surface supportant bien mieux le climat méditerranéen.
Une surface supportant bien mieux la chaleur et le climat méditerranéen
Pour continuer à pratiquer leur sport favori sur une surface de bien meilleure facture, ils eurent l’idée de recouvrir leurs terrains d’une poudre issue de pots en terre cuite broyés provenant directement de l’atelier de poterie de la ville de Vallauris, situé à une dizaine de kilomètres de Cannes. Les premiers courts en terre battue étaient nés.
Ces pots grossièrement broyés étant dans un premier temps placés directement au-dessus des pelouses, ils mirent fin au problème du gazon qui se délabrait mais provoquaient encore d’innombrables faux-rebonds rendant la pratique imprécise et largement perfectible.
Pour assister à une amélioration des conditions de jeu, il fallut attendre le début des années 1910 et l’adoption de la brique pilée qui suppléa les pots en terre cuite. Donnant une poudre bien plus fine et une surface de jeu davantage lisse, la brique pilée participa grandement à la démocratisation de la terre battue en France, mais également en Espagne et en Italie.
Un championnat du monde de tennis sur terre battue fut d’ailleurs organisé dès 1912. Créé afin de favoriser les spécialistes de la terre battue au dépend des traditionnels joueurs sur gazon, cet ancêtre des internationaux de France de tennis se déroula chaque année sur les courts de la Croix-Catelan au sein du bois de Boulogne et ce jusqu’en 1923. Quatre ans plus tard, le stade Roland Garros fut édifié et adopta dès ses débuts la surface ocre.
Évolution et perfectionnement de la terre battue
Au fil des années, la terre battue ne cessa de se perfectionner. De nos jours à Roland Garros, pour garantir une surface de jeu la plus optimale possible, plusieurs couches composent les courts de tennis qui atteignent près de 80cm d’épaisseur. Si l’on retrouve des gros cailloux au plus profond puis du gravier au-dessus, les 15 derniers centimètres sont constitués d’une couche de mâchefer, puis de calcaire et enfin d’une fine couche de terre battue qui n’excède guère les 2 millimètres d’épaisseur.
Et si l’atelier de poterie de Vallauris était le fournisseur des courts en terre battue originels, l’ocre du tournoi de tennis parisien provient quant à lui des briqueteries du Nord de la France. Les briques sont ensuite acheminées vers l’Oise, au sein d’une usine en charge de les broyer. Ainsi est confectionné cette terre battue si fine qui n’attend qu’à être foulée par les plus grands champions.