Trois millions de licenciés, environ 40 000 clubs et une structure de championnats à seize étages, allant des districts départementaux à la Ligue 1. L’organisation du football en France suit une construction pyramidale avec au sommet une poignée de clubs professionnels pour des milliers de petites structures à sa base, évoluant dans les multiples divisions départementales.
Au sein de cette hiérarchie très ordonnée regroupant des millions de joueurs, à quel niveau les footballeurs commencent-ils à percevoir de l’argent ? Doivent-ils absolument jouer pour un club professionnel ? Ou peuvent-ils évoluer au sein des divisions amateures et recevoir un salaire ?
Évoluer dans un club professionnel, l’assurance d’être rémunéré
Signer un contrat professionnel est le graal pour tout footballeur souhaitant toucher au haut niveau. En cette saison 2022-2023, ils sont en France quarante-six clubs à bénéficier du statut professionnel. Les vingt clubs de Ligue 1, les vingt autres évoluant en Ligue 2 ainsi que six clubs de National que sont l’AS Nancy Lorraine, l’US Orléans, l’USL Dunkerque, LB Châteauroux, Le Mans FC et le Red Star.
Être inscrit sur la liste de leur effectif professionnel, c’est l’assurance d’être rémunéré pour sa pratique du football. Les joueurs de l’équipe première sont des salariés, liés au club via la signature d’un contrat. Dans la grande majorité des cas, ce contrat est dit « professionnel ». Il est homologué par la Ligue de Football Professionnel (LFP) qui impose un minium salarial. Pour un joueur de Ligue 1 venant de signer son tout premier contrat professionnel, ce salaire minimal s’élève à 2 800 € brut par mois. Il descend à 2 170 € en Ligue 2 puis à 1 680 € en National 1.
Les joueurs expérimentés ou ayant possédé un contrat élite ou stagiaire en centre de formation bénéficient d’un minimum salarial supérieur. À titre d’exemple, les 2 800 € brut par mois promis à tout joueur faisant ses débuts en Ligue 1 montent à 3 500 € puis 4 200 € lors de la deuxième et troisième année du contrat. Pour un joueur issu du cursus élite, son précédent contrat lui garantit un revenu minimal de 4 480 € brut par mois lors de sa première année avec un club de Ligue 1, puis 5 040 € et 5 600 € lors des deux années suivantes.
Aux côtés de ces joueurs bénéficiant d’un contrat professionnel, les jeunes issus du centre de formation ont la possibilité de signer quatre contrats différents : Apprenti, Aspirant, Stagiaire puis Élite. Pour chacun de ces quatre contrats, un revenu minimal est également assuré. En Ligue 1, il s’élève à 495 € brut par mois pour un joueur apprenti ou aspirant âgé de moins de 16 ans, et monte à 2 800 € dans le cas d’un contrat stagiaire, bien que ce dernier soit de plus en plus délaissé par les clubs.
Le contrat fédéral, l’équivalent du contrat professionnel chez les amateurs
En France, les footballeurs professionnels ne sont pas les seuls à pouvoir signer un contrat de travail leur assurant un minimum salarial. Les clubs amateurs évoluant en National, National 2, National 3 et Régional 1 (soit les échelons 3 à 6 du football en France) ont l’autorisation de délivrer un contrat fédéral aux joueurs de leur effectif.
Reconnu en France par l’UNFP, le contrat fédéral n’est pas obligatoire. Que ce soit en National ou en Régional 1, les dirigeants des clubs amateurs peuvent le délivrer uniquement à certains de leurs joueurs, pendant que le reste de l’effectif ne dispose d’aucun contrat de travail. D’après cette étude, on comptait lors de la saison 2020-2021 pas moins de 202 joueurs de National disposant d’un contrat fédéral au sein des quinze clubs amateurs de ce championnat. Soit la grande majorité des joueurs. En National 2, 436 contrats fédéraux étaient enregistrés parmi les 52 clubs amateurs, un chiffre descendant à 229 en National 3, malgré la présence de 114 clubs. Le règlement en Régional 1 diffère légèrement. Chaque club de cette division est autorisé à fournir un maximum de cinq contrats fédéraux.
Tout comme le contrat professionnel, ces contrats fédéraux assurent un minimum salarial. Il correspond au SMIC pour un joueur de Régional 1 et s’élève à 1 943 € brut par mois en National. À noter que les footballeurs anciennement professionnels jouissent d’un traitement de faveur. Si ces derniers possédaient un contrat professionnel la saison précédente, ce salaire minimum monte à 4 036 € brut par mois lorsqu’ils évoluent en National, au sein d’un club amateur.
Un système de rémunération au sein des plus petits clubs amateurs ?
Le sujet est tabou mais il est bien réel. Dans le monde du football amateur, afin d’attirer les meilleurs joueurs, certains clubs sont prêts à offrir une rémunération sans passer par le contrat fédéral. Des compléments de revenus pas toujours très légaux aux yeux de la loi et de la FFF, pouvant monter à près de 1 000 € par mois pour les footballeurs amateurs les mieux payés.
L’une des pratiques les plus courantes consiste à glisser un revenu mensuel dans le contrat amateur signé par le joueur. Des « fixes » tel qu’on le nomme dans ce milieu. Officiellement, la Fédération Française de Football ne reconnait pas le contrat amateur comme un contrat de travail. Il ne dispose donc d’aucun minimum salarial et les joueurs ayant réussi à négocier un « fixe » peuvent percevoir une centaine à près de mille euros par mois pour leur activité de footballeur.
Aux côtés de ces « fixes » existe les primes, assez répandues dans le monde du football amateur. Prime de signature, de victoire, de but et même simplement de participation, tous les moyens sont bons pour les clubs d’attirer de bons joueurs en leur promettant une récompense financière. Selon le budget, ces primes peuvent être plus ou moins élevées. D’une trentaine d’euros la victoire au sein des clubs les plus modestes à un cumul de primes lorsqu’un dirigeant souhaite se montrer généreux dans sa politique de rémunération. À la fin du mois, ces enveloppes transmises dans les vestiaires offrent un complément financier non-négligeable.
Et quand il ne s’agit pas d’argent, certains clubs offrent des avantages en nature. Un rabais sur un logement ou encore un emploi dans une entreprise locale, si ce n’est directement celle du dirigeant du club. Dans ce milieu amateur, les joueurs ne sont pas logés à la même enseigne. Au sein d’une même équipe appliquant cette politique rémunératrice, le montant des « fixes » et des primes varie d’un joueur à l’autre. À l’instar du monde professionnel, les meilleurs atouts perçoivent généralement de plus gros revenus que leurs voisins de vestiaire. Mais il n’est pas question de s’en vanter. Le montant perçu par chacun est un secret sensible et bien gardé que personne n’ose aborder, malheur à celui qui viendra le dévoiler devant ses coéquipiers.
Pour en savoir plus :
https://www.actufoot.com/argent-fixes-primes-et-derives-la-face-cachee-du-football-amateur
https://footamateur.letelegramme.fr/13297177/football-l-argent-ce-grand-tabou-du-foot-amateur/