Maria Teresa De Filippis, la première femme en Formule 1

Maria Teresa De Filippis au volant d'une Formule 1

Le 15 juin 1958 sur le circuit de Spa-Francorchamps, une silhouette féminine prenait place au volant d’une Maserati 250 F. Placée en fond de grille du Grand Prix de Belgique, Maria Teresa De Filippis devenait la première femme à prendre le départ d’une course comptant pour le championnat du monde de Formule 1.

Son histoire avec le sport automobile avait débuté dix années plus tôt. Après s’être essayée à l’équitation et au tennis, Maria Teresa De Filippis, la petite dernière des cinq enfants d’un comte italien, suivait la trace de ses grands frères en s’intéressant aux sports mécaniques. Un choix qui, au sein de cette société encore largement patriarcale, n’était pas vu d’un très bon œil. Ses grands frères tentèrent de l’en dissuader. Ils pariaient sur son incapacité à suivre le rythme des autres pilotes.

Bien déterminée à prouver le contraire, la future « Pilotina » s’inscrivait à une première course en 1948. Pour son deuxième départ officiel, Maria Teresa De Filippis s’imposait dans sa catégorie, au volant d’une Fiat 500 Topolino. Inscrite au championnat italien des voitures de sport, la benjamine de la fratrie de Filippis enchaîna les bonnes performances jusqu’à se classer deuxième du championnat en 1954. Un résultat attirant l’attention de l’écurie Maserati, qui la recruta comme pilote d’usine. Maria Teresa découvrait des voitures plus puissantes et de nouvelles disciplines automobiles. Elle prenait le départ d’épreuves d’endurance, de courses de côtes et, en 1956, obtenait l’un de ses meilleurs résultats en terminant deuxième d’une course organisée en marge du Grand Prix de Naples

La découverte de la Formule 1

Mais Maria Teresa De Filippis n’était pas rassasiée. Comme son frère Luigi qui avait tenté l’aventure quelques années avant elle, la benjamine de la fratrie voulait accéder à la catégorie reine du sport automobile

Pour rejoindre la Formule 1, Maria Teresa De Flippis acheta une Maserati 250 F en 1958. Le même modèle avec lequel Juan Manuel Fangio était allé décrocher sa cinquième couronne mondiale l’année précédente. Le pilote argentin prit d’ailleurs Maria Teresa sous son aile et lui prodigua de précieux conseils. Au milieu du mois de mai, la « Pilotina » s’inscrivait à son premier Grand Prix en tant que piloté privée. Dans les rues étroites de MonacoMaria Teresa De Filippis échoua en qualification pour sa toute première expérience en Formule 1. Son temps de 1 minute et 50 secondes, à onze secondes du poleman Tony Brooks, était insuffisant pour se classer parmi les seize meilleurs pilotes autorisés à prendre le départ de la course. Maria Teresa De Filippis pointait au 23e rang sur 28 pilotes engagés en qualification. 

Un premier départ au Grand Prix de Belgique

Un mois plus tard, elle retentait sa chance en Belgique. Avec vingt pilotes inscrits à la séance de qualification, tous étaient assurés de figurer sur la grille de départ. Sur le circuit de Spa-Francorchamps qui, à cette époque, mesurait plus de 14 kilomètres, Maria Teresa De Filippis signait le 19e temps, à 34 secondes des Ferrari de Mike Hawthorn et Luigi Musso. Les sept Maserati engagées ce jour-là n’étaient pas au niveau des autres constructeurs présents. Seul l’Américain Gregory Masten était parvenu à faire entrer sa Maserati 250 F parmi les dix premiers de la grille. Il s’élançait en neuvième position, tandis que cinq Maserati occupaient le fond de la grille. 

Le résultat était, peut-être, décevant pour Maria Teresa De Filippis, mais en signant le 19e temps des qualifications, la pilote italienne réalisait ce que son frère Luigi n’était pas parvenu à accomplir : prendre le départ d’un Grand Prix de Formule 1

Le 15 juin 1958, Maria Teresa De Filippis se plaçait, seule, en dernière ligne du Grand Prix de Belgique. L’Australien Ken Kavanagh, auteur du 20e temps des qualifications, ne pouvait prendre le départ à cause d’une casse moteur. Partie en dernière position, la « Pilotina » profitait des abandons à répétition pour grappiller des places. Au terme des 22 tours de course, elle achevait son premier Grand Prix de Formule 1 en dixième position, reléguée à deux tours du vainqueur Tony Brooks

Sur le point d’inscrire ses premiers points en Formule 1

Maria Teresa De Filippis devenait ainsi la première femme de l’histoire à prendre le départ et achever un Grand Prix de Formule 1. Trois mois plus tard, lors de son Grand Prix national disputé à Monzala pilote italienne aurait pu devenir la première à inscrire des points au championnat du monde des pilotes. Alors qu’elle naviguait en cinquième position et pouvait espérer obtenir les deux points qu’octroie cette place, la « Pilotina » était victime d’une panne moteur à treize tours de l’arrivée. Lella Lombardi, seconde femme de l’histoire à prendre le départ d’un Grand Prix de Formule 1accomplira cet exploit en se classant sixième du Grand Prix d’Espagne de 1975

L’année suivante, Maria Teresa De Filippis tentait à nouveau sa chance en qualification du Grand Prix de Monaco, mais échouait une nouvelle fois à se classer parmi les seize premiers. À 32 ans, la pilote italienne effectuait ses derniers tours de piste. Bouleversée par la mort de son ami et compatriote Luigi Musso, décédé après une violente sortie de piste lors du Grand Prix de France de 1958Maria Teresa De Filippis préféra stopper sa carrière. La pionnière s’en arrêtait-là avec la compétition automobile, après avoir réussi à ouvrir une infime brèche dans ce monde si masculin. Une ouverture dans laquelle s’engouffrait sa compatriote Lella Lombardi au milieu des années 1970. Avec douze départs à son actif, elle reste la deuxième et dernière femme à s’être présentée sur la grille d’un Grand Prix de Formule 1.

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