Clap de fin. Après 24 années de bons et loyaux services, le circuit de Barcelone-Catalogne accueille, ce week-end, son dernier Grand Prix de Formule 1. L’année prochaine, un circuit semi-urbain tracé dans les rues de Madrid deviendra le nouvel antre du Grand Prix d’Espagne. L’occasion de revenir sur les Grand Prix les plus marquants organisés sur ce circuit de Catalogne.
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En 1996, la première victoire en rouge de Michael Schumacher
Sous des trombes d’eau, Michael Schumacher rappelait au monde qu’il était le maître incontesté des courses pluvieuses.
Double champion du monde en titre avec l’écurie Bennetton, le pilote allemand avait surpris tout le monde en répondant favorablement à l’appel du pied fait par Jean Todt, directeur de la Scuderia Ferrari. L’écurie italienne n’était plus la machine à gagner d’antan. Les monoplaces rouges n’avaient plus remporté le championnat des constructeurs depuis 1983 et la venue de Michael Schumacher devait insuffler un nouvel élan à cette écurie en déperdition.
Malgré une voiture peu performante, le talent du pilote allemand lui permettait de décrocher son premier podium au Brésil, dès la deuxième manche de cette saison 1996. Deuxième au Grand Prix d’Europe, Michael Schumacher décrochait successivement la pole à Saint-Marin et Monaco, mais ne parvenait à convertir l’essai en course. Au Grand Prix d’Espagne, septième manche de la saison, le baron rouge s’élançait en deuxième ligne, derrière les deux Willams pilotées par Damon Hill et Jacques Villeneuve.
En ce dimanche 2 juin 1996, le départ était donné sous la pluie et sur une chaussée détrempée. Dès les premiers hectomètres de course, le pilote allemand était victime d’un problème d’embrayage et rétrogradait dans le peloton. Michael Schumacher bouclait ce premier tour en sixième position, avant d’entamer une remontée express. Amateur des conditions pluvieuses, le pilote allemand roulait plus vite que tout le monde et empruntait des trajectoires audacieuses pour doubler ses adversaires. Au 12e tour, un dépassement sur Jacques Villeneuve lui permettait de prendre les commandes de la course. Une place qu’il ne lâchera plus.
Impressionnant de maîtrise, Michael Schumacher creusait nettement l’écart et s’imposait avec 45 secondes d’avance sur Jean Alesi, deuxième. Derrière, seul Jacques Villeneuve était parvenu à rester dans le tour du leader. À 27 ans, le pilote allemand signait la 20e victoire de sa carrière. Le premier de ses 72 succès au volant d’une monoplace estampillée du cheval cabré.
Grand Prix d’Espagne 1999 : Une seule manoeuvre de dépassement
On le sait, depuis qu’il est organisé sur le circuit de Catalogne, le Grand Prix d’Espagne n’est pas réputé pour délivrer un immense spectacle en piste. Les progrès aérodynamiques créent des turbulences et empêchent les monoplaces de se suivre de près. Les dépassements se raréfient et le vent provenant de la mer, balayant régulièrement ce circuit n’arrange en rien la situation.
Le summum de l’ennui était atteint lors du Grand Prix de 1999, au cours duquel une seule manœuvre de dépassement fut enregistrée. Dans l’avant-dernier tour, lorsque Damon Hill doublait Rubens Barrichellopar l’extérieur dans le virage Seat, pour lui ravir la septième place. Durant le reste de la course, seuls le mauvais départ d’Eddie Irvine, la sortie de piste d’Alexander Wurz, les abandons et les arrêts aux stands avaient entraîné des changements de position.
En 2006, Fernando Alonso devenait la premier espagnol à remporter un Grand Prix à domicile
Après 35 éditions, jamais le Grand Prix d’Espagne n’avait couronné un piloté ibérique. Fernando Alonso s’y était approché l’année précédente en terminant deuxième, loin derrière un Kimi Raïkkönen impérial qui n’avait jamais quitté la tête de course.
En 2006, le pilote espagnol, champion du monde en titre, jouissait d’une monoplace Renault toujours aussi performante, qui lui avait permis de signer deux succès à Bahreïn et en Australie. Pour cette sixième manche de la saison, disputée sur le circuit de Catalogne, Fernando Alonso s’offrait la pole positiondevant son coéquipier Giancarlo Fisichella.
La course du dimanche fut presque une formalité pour le pilote espagnol. Un excellent départ lui permit de conserver la tête de course et creuser l’écart sur Giancarlo Fisichella. Fernando Alonso ne cédait sa première place qu’au jeu des arrêts au stand, avant de la récupérer une fois le passage de tous les pilotes devant leur garage. Au terme des 66 tours de course, il s’imposait avec dix-huit secondes d’avance sur Michael Schumacher et offrait, à son Grand Prix national, un premier vainqueur espagnol. Le premier de ses deux succès en Catalogne, sept ans avant sa victoire de 2013 au volant d’une Ferrari.
Grand Prix d’Espagne 2008 : Le terrible accident d’Heikki Kovalainen
Les images font froid dans le dos. Au 21e tour de course, alors que le jeu des arrêts aux stands lui avait permis de récupérer temporairement la première place, Heikki Kovalainen était victime d’une crevaison soudaine de son pneu avant gauche. Dans le virage n°9 du circuit de Catalogne, négocié à très haute vitesse, son pneu éclatait et sa McLaren sortait de la piste à 220 km/h. Heikki Kovaleinen percutait de front le mur de pneus et s’encastrait brutalement dedans. Le choc, estimé à 27 G, lui avait fait perdre connaissance. Le pilote finlandais était évacué sur civière et transporté à l’hôpital le plus proche, levant un discret pouce en l’air au public comme maigre signe de vie.
Miraculé de cet accident aux conséquences potentiellement dramatiques, Heikki Kovalainen en ressortait avec de simples contusions, mais sans le moindre de souvenir de cette sortie de piste. Deux semaines plus tard, il était au rendez-vous du Grand Prix de Turquie et positionnait sa McLaren en deuxième position sur la grille, derrière la Ferrari de Felipe Massa. Le pilote finlandais avait bien récupéré.
Grand Prix d’Espagne 2016 : La première victoire de Max Verstappen en Formule 1
Arrivé dans le giron Red Bull en 2015 à seulement 17 ans, ses excellents résultats au volant d’une Toro Rosso lui offraient un baquet au sein de l’écurie mère. Par manque de bons résultats chez Red Bull, Daniil Kvyat cédait sa place à Max Verstappen au cours de la saison 2016, dix jours avant le Grand Prix d’Espagne.
Pour sa première séance de qualification au sein de sa nouvelle écurie, le pilote néerlandais signait le quatrième meilleur temps. Sur la grille, il n’était devancé que par son coéquipier Daniel Ricciardo, et les deux Mercedes de Nico Rosberg et Lewis Hamilton qui occupaient la première ligne. Comme depuis le début de la saison, l’écurie allemande semblait, une nouvelle fois, hors de portée.
Mais les flèches d’argent se prenaient les pieds dans le tapis dès le quatrième virage du premier tour. Une tentative de dépassement de Lewis Hamilton envoyait les deux Mercedes dans le bac à gravier. Abandon de Rosberg et Hamilton, pour la première fois de la saison, une Mercedes n’allait pas s’imposer.
Remonté au deuxième rang derrière son coéquipier Daniel Ricciardo, Max Verstappen conserva une stratégie à deux arrêts au stand, quand la plupart des pilotes optaient pour un arrêt supplémentaire. Un choix payant, permettant au pilote néerlandais de prendre définitivement les commandes de la course au 44e tour. À 18 ans et 7 mois, Max Verstappen parvenait à contenir un Kimi Raïkkönen très menaçant dans les derniers tours, pour décrocher sa première victoire en Formule 1 dès son premier Grand Prix chez Red Bull. Il devenait le plus jeune pilote à s’imposer dans la catégorie reine du sport automobile.