Qui a brillé ? Qui a déçu ? Qui s’est révélé ? À mi-parcours de la première levée du Grand Chelem de l’année, il est l’heure de dresser le bilan.
Alcaraz, Sinner et Zverev déroulent, Djokovic prend ses marques
Les quatre grands favoris du premier Grand Chelem de l’année ont tous rejoint les huitièmes de finale, chacun à leur rythme.
Tête de série n°2, Alexander Zverev fait actuellement la meilleure impression. Le joueur allemand, toujours en quête de son premier titre en Grand Chelem, n’a concédé le moindre set lors de ses trois premiers matchs et n’a perdu son jeu de service qu’à deux reprises, lors de son troisième tour face au Britannique Jacob Fearnley.
Carlos Alcaraz et Jannik Sinner ont, eux aussi, traversé la première semaine sans de réelles difficultés. Mais à la différence d’Alexander Zverev, les vainqueurs des quatre derniers tournois du Grand Chelem ont lâché un set en chemin. Le premier s’est fait surprendre par le Portugais Nuno Borges dans le tie-break du troisième set, au troisième tour, tandis que Jannik Sinner a perdu la première manche de son second tour face à l’Australien Tristan Schoolkate.
Sous les ordres de son nouveau coach Andy Murray, Novak Djokovic a vécu quelques moments d’égarement face à deux joueurs issus de la nouvelle génération. Pour son entrée en lice, le Serbe a concédé la première manche face au jeune Américain Nishesh Basavareddy, âgé de 19 ans seulement et actuel 107ejoueur mondial. L’homme aux 25 titres en Grand Chelem se faisait à nouveau surprendre au second tour en perdant le second set au tie-break face au Portugais Jaime Faria, sorti des qualifications. Deux jours plus tard, Novak Djokovic confirmait que ses deux petits sets perdus n’étaient que de simples petites erreurs de parcours. Pour son premier véritable test face à la tête de série n°26 Tomas Machac, le Serbe l’emportait en trois manches et 2h20 de jeu. Le voilà en deuxième semaine, prêt à se frotter à Jiri Lehecka avant un éventuel quart de finale face à Carlos Alcaraz.
Des favoris déjà au tapis
Si les quatre têtes d’affiche n’ont pas tremblé pour rallier les huitièmes, derrière, la première semaine a déjà été fatale pour de nombreux outsiders. Après les trois premiers tours, le top 10 masculin est déjà amputé de cinq de ses membres.
Grigor Dimitrov et Andrey Rublev ont été les premiers à quitter le tableau principal. Souffrant d’une blessure à l’aine survenue il y a une dizaine de jours, et qui l’avait déjà contraint à l’abandon en demi-finale du tournoi de Brisbane, Grigor Dimitrov est une nouvelle fois sorti du court prématurément, préférant jeter l’éponge au deuxième set de son premier tour face à l’Italien Francesco Passaro. Son troisième abandon consécutif en Grand Chelem.
Sur une mauvaise dynamique depuis la fin de la saison 2024, Andrey Rublev n’arrive toujours pas à se sortir de cette spirale négative. Tête de série n°9, le Russe a été balayé en trois sets par le jeune phénomène brésilien Joao Fonseca et sort dès le premier tour. Une première pour lui à l’Open d’Australie, depuis sa défaite d’entrée face à Mackenzie McDonald en 2019. Après ses trois défaites en phase de poule des ATP Finals et son élimination par Fabian Marozsan au tournoi de Hong Kong en début d’année, Andrey Rublev enchaîne une cinquième défaite de rang et voit sa place dans le Top 10 plus que jamais menacée.
Casper Ruud et Daniil Medvedev, eux, s’en sont arrêté au deuxième tour. À l’image d’Andrey Rublev, le joueur norvégien sort d’une fin de saison 2024 en demi-teinte et peine à retrouver de la confiance sur le terrain. Après une lutte en cinq sets face à Jaume Munar au premier tour, Casper Ruud a été sorti dès le match suivant par le jeune tchèque Jakub Mensik, âgé de 19 ans. Daniil Medvedev a connu le même sort. Également vainqueur d’un match âprement disputé au premier tour, le Russe s’est incliné à l’étape suivante, sorti en cinq sets par le surprenant Américain Learner Tien, également âgé de 19 ans.
Vaincu par Gaël Monfils au troisième tour, la tête de série n°4 Taylor Fritz sort, lui aussi, prématurément. Aux côtés des quatre principaux favoris à la victoire finale, l’Australien Alex de Minaur est le dernier représentant du top 10 à se hisser en deuxième semaine.
En dehors des dix meilleurs joueurs mondiaux, Stéfanos Tsitsipás, tête de série n°11, poursuit sa mauvaise dynamique installée depuis la fin d’année 2024. En quatre sets, le Grec s’est fait surprendre par l’Américain Alex Michelsen dès le premier tour. Stéfanos Tsitsipás n’a plus remporté plus de deux matchs de suite en Grand Chelem depuis la dernière édition de Roland-Garros.
Enfin, le retour très attendu de Nick Kyrgios a, lui aussi, tourné court. En manque de temps de jeu, lui qui n’avait plus disputé un tournoi du Grand Chelem depuis 2022, a été balayé d’entrée par le Britannique Jacob Fearnley. Le fantasque Australien a su gâter son public de jolis points dont lui seul a le secret, mais cela ne fut guère suffisant pour signer un retour gagnant.
L’avènement d’une génération prometteuse
Les éliminations précoces d’Andrey Rublev, Daniil Medvedev, Casper Ruud et Stéfanos Tsitsipáspartagent un même point commun. Face à eux, des joueurs de 20 ans et moins ont bousculé la hiérarchie et signé l’une des plus belles victoires de leur carrière.
Ils se nomment Joao Fonseca, Learner Tien, Alex Michelsen et Jakub Mensik. Des noms que l’on pourrait bien entendre et réentendre durant les prochaines années. Les deux premiers se sont offerts, durant cet Open d’Australie, leur première victoire face à un joueur classé dans le top 10.
Vainqueur du tournoi Next Gen à la fin de l’année 2024 et attendu comme l’héritier de Gustavo Kuerten par les supporters brésiliens, Joao Fonseca, 18 ans, est aisément venu à bout d’Andrey Rublev grâce à son jeu très agressif et sa puissance de frappe. L’un de ces coups droit, mesuré à 181 km/h, est le plus rapide du premier tour de l’Open d’Australie.
Son style de jeu n’est peut-être pas aussi impressionnant, mais sa force de caractère l’est davantage. À 19 ans, Learner Tien s’est offert le scalp de Daniil Medvedev au second tour, au terme d’un match marathon de presque cinq heures. Après avoir manqué une balle de match au troisième tour et vu le retour de Daniil Medvedev allant jusqu’à servir pour le gain de la rencontre, c’est finalement le jeune gaucher qui s’est imposé au bout de la nuit, dans le super tie-break du cinquième set, pour rejoindre le troisième tour de l’Open d’Australie.
Alex Michelsen et Jakub Mensik, eux, avaient déjà signé au moins une prestigieuse victoire face à un membre du top 10 en 2024. Le premier s’était imposé face à Alex de Minaur au tournoi de Cabo San Lucasau Mexique, avant de s’offrir la tête de série n°11 Stéfanos Tsitsipás au premier tour de cet Open d’Australie. Jakub Mensik, lui, en est déjà à sa cinquième victoire face à un membre du top 10. Tombeur de Casper Ruud au second tour, le joueur tchèque de 19 ans, pointant à la 48e place mondiale, avait vaincu Grigor Dimitrov et Andrey Rublev par deux fois en 2024.
Évidemment, ces belles prouesses sont gage de belles promesses, mais il est encore bien trop tôt pour bâtir l’avenir du tennis autour de ces quatre noms. Après l’exploit vient l’heure de la confirmation et à ce jeu, seul Learner Tien est parvenu à remporter son tour suivant. Seuls les mois et années à venir nous dirons si leurs Open d’Australie respectifs n’étaient qu’un tour de force sans suite ou la première pierre d’une brillante carrière : soyons patients.
On a retrouvé le tennis français
Côté français, l’année 2025 ne pouvait mieux débuter. Après les sacres d’Alexandre Müller et de Gaël Monfils à Hong Kong et Auckland, cette première semaine de l’Open d’Australie confirme la bonne dynamique du contingent tricolore. Des treize français engagés dans le tableau masculin, ils étaient huit à rallier le second tour, puis cinq à se hisser au troisième tour. Une première depuis 2017.
Éternel du haut de ses 38 ans, Gaël Monfils marche sur l’eau en ce début de saison 2024. Victorieux à Auckland de son treizième titre en simple, dix-neuf ans après le premier, l’un des doyens du circuit ATP s’est péniblement défait de son compatriote Giovanni Mpetshi Perricard au premier tour, avant de s’imposer en trois sets face à Daniel Altmaier. Opposé à la tête de série n°4, Taylor Fritz, Gaël Monfils a concédé le premier set avant d’inverser la tendance et remporter les trois manches suivantes. À 38 ans, il décroche sa première victoire en Grand Chelem face à un joueur classé parmi le top 4 mondial, et se hisse en deuxième semaine de l’Open d’Australie pour la sixième fois de sa carrière. Au passage, il devient le second joueur le plus âgé à se qualifier pour les huitièmes de finale du tournoi australien. Seul Roger Federer le devance, grâce à sa demi-finale disputée en 2020 face à Novak Djokovic, à 38 ans et 5 mois. Prochaine étape pour le mousquetaire tricolore : l’Américain Ben Shelton, tombeur de Lorenzo Musetti au troisième tour.
Pour la seconde année consécutive, il y aura deux français en deuxième semaine de l’Open d’Australie. La veille de l’exploit de Gaël Monfils, le Messin Ugo Humbert a, lui aussi, composté son billet pour les huitièmes de finale. Vainqueur en trois sets de ses deux premiers matchs, le représentant français le mieux classé à l’ATP a profité de l’abandon de son compatriote Arthur Fils, visiblement blessé au pied gauche, pour se qualifier en huitième-de-finale. Une première pour lui à l’Open d’Australie. Un baptême s’annonçant d’ores-et-déjà corsé, puisque le natif de Metz retrouvera la tête de série n°2 Alexander Zverev, qui l’avait privé d’un titre à domicile il y a quelques mois, en finale du Rolex Paris Masters.
En revanche, pour les deux autres représentants français en lice au troisième tour, le parcours s’arrête aux portes de la deuxième semaine. Benjamin Bonzi a cédé face au Tchèque Jiri Lehecka, et attend toujours son premier huitième de finale en Grand Chelem, tandis que Corentin Moutet, tombeur d’Alexei Popyrin au premier tour, s’est incliné face à la surprise Learner Tien qui, pour sa première participation à l’Open d’Australie, accède déjà aux huitièmes de finale. Il devient le plus jeune joueur à atteindre ce stade de la compétition, depuis un certain Rafael Nadal en 2005.