Crédit : Philippe Lopez / AFP
Sur la Grande Boucle, il ne passe guère inaperçu. Entre les tenues des diverses formations engagées, le leader du classement de la montagne détone en arborant un maillot au motif très original : Blanc à pois rouges. Mais alors, pourquoi a-t-on fait le choix de ce coloris ? Une explication s’impose.
Un hommage à un pistard
Si le titre de meilleur grimpeur se joue en montagne, là où la route s’élève et les pourcentages s’affolent, son maillot distinctif blanc orné de pois rouges renvoi curieusement à l’univers du vélodrome et sa piste taillée pour battre des records de vitesse.
Sur le Tour de France, un titre de meilleur grimpeur fut décerné de manière non-officielle dès la première édition en 1903 par le journal l’Auto. Pas pris en considération par les organisateurs, ce n’est en réalité qu’en 1933 qu’un classement de la montagne apparait officiellement sur la Grande Boucle. Grâce à un barème de points attribués au sommet de chaque ascension répertoriée, il récompensait à la fin des trois semaines de course le coureur qui s’était le plus illustré en montagne. Pour autant, aucun maillot distinctif n’accompagna à cette époque ce classement, le porteur de la tunique jaune étant l’unique cycliste à revêtir sur le Tour de France un maillot spécifique.
La tenue verte du leader du classement par point ayant fait son apparition en 1953, il fallut attendre encore 22 ans pour que le meilleur grimpeur soit lui aussi auréolé d’un maillot distinctif. Cette année-là, en 1975, la marque Chocolat Poulain, partenaire du Grand Prix de la montagne, souhaita gagner en visibilité à la télévision et proposa que ce classement jouisse lui aussi d’une tunique spécifique.
Alors qu’un maillot reprenant les cimes des sommets les plus mythiques de la Grande Boucle fut brièvement évoqué, le directeur du Tour de France Félix Lévitan fit le choix du célèbre motif blanc à pois rouges. Un hommage à un certain Henri Lemoine, pistard tricolore et grand spécialiste du demi-fond. Triple médaillé de bronze aux championnats du monde et multiple champion de France, ce dernier portait en compétition un maillot blanc sur lequel figurait des pois rouges, lui-même inspiré des casaques portées par les jockeys. Lors des courses à l’américaine disputées en binôme, le duo qu’il formait avec Marcel Guimbretière était à juste titre surnommée l’équipe des « Petits Pois ».
Le maillot du meilleur grimpeur sur les autres grands tours
Sur les deux autres grands tours, un maillot distinctif récompense également le leader du Grand Prix de la montagne.
Les organisateurs du Tour d’Espagne furent les premiers à l’introduire, en décernant dès 1935 un maillot de couleur verte au meilleur grimpeur. Le Giro imita leurs homologues hispaniques quelques décennies plus tard et instaurèrent en 1974 cette même tenue verte. Mais contrairement au Tour de France, la couleur de ces deux maillots distinctifs évolua au gré des changements de sponsor. Il devint rouge, puis blanc, orange, gris et désormais blanc à pois bleu du côté de la Vuelta, et vira du vert au bleu sur les routes du Tour d’Italie à la suite d’un changement de sponsor survenu en 2012.